Finit. C'était enfin terminé. Je crois que je détestais autant que j'aimais ces soirées où j'allais voir Nate. Nate Sheeran. C'est un strip teaser dans le bar du coin. Un mec avec qui j'étais devenu pote assez rapidement, on avait pas mal d'atomes crochus ensemble. Seulement, si je devais résumer la situation : j'étais à fond sur lui, sur son sourire, ses yeux, bref, j'étais con. Mais pour lui, je n'étais rien qu'un pote comme un autre, et il passait ses soirées à faire baver plein d'autres mecs et filles en se déhanchant comme un dément près de cette foutue barre métallique. J'aimais pas ça. Ça me détruisait. Le voir provoquer ainsi tous ces mecs en chaleur... Non ! Alors généralement, j'observais de loin, histoire d'être sûr qu'il n'y ait pas de dérapage quoi, mais je me mêlais jamais à la masse. C'était trop pour moi. Et là, le show était terminé, il était dans les environs d'une heure du mat' et j'étais à peine fatigué. Faut dire je profitais des vacances à glander dans mon coin. J'avais donc décidé d'attendre que Nate sorte des vestiaires au comptoir, verre de cocktail à la main, comme on en avait l'habitude. Le bar s'était un peu vidé de sa faune et les gens étaient en train de fumer des clopes à l'extérieur, ou en train de prendre du bon temps dans un coin, à moitié déchiré. Ou pas forcément à moitié d'ailleurs. Nate sortit enfin et vint me rejoindre, un petit sourire aux lèvres. J'haussais les sourcils. Tu t'es bien amusé ? J'avais la mine renfrognée, comme tous les soirs après son spectacle. Bordel je me haïssais de l'aimer comme ça.

Spoiler:

Tout les week-ends, c'était la même routine qui commençait à se dessiner. Se donner, vendre son corps. Point telle une prostituée, non, simplement s'exhiber devant une centaine de personnes déchainées qui en profitaient. Personnellement, j'aime ce que je fais. Je danse et cela permet de me défouler, puis, si en plus, je peux donner du plaisir aux gens, j'ai tout gagné. Qu'en pensent les autres ? Pas grand chose, j'sais juste que si ma mère apprenait ce que je fais en ce moment, elle me tuerait. Elle commencerait à entamer un monologue où elle déclarerait qu'elle ne m'a pas élevé de cette manière. Cependant, je dois gagner ma vie et c'est de cette façon que je le fais. N'apparaissant qu'en caleçon noir, j'attendis que le rideau se lève afin d'aller sur la piste de danse pour m'accrocher à cette barre afin de me trémousser. Sous un air de Your Love Is My Drug de Ke$ha, j'apparus au public, commençant à exécuter certains mouvements de danse.

Et le show se terminait enfin. J'arrêtais enfin de danser. Quelques gouttes de sueur se déversèrent sur mon torse musclé tandis que j'entendis avec entrain les acclamations de la foule qui en demandait encore et toujours plus. J'étais prêt à leur donner tout ce qu'ils souhaitaient. Cependant, pas ce soir. Exténué, je rentrais dans les coulisses afin de me changer. La douche, je la prendrais à l'appartement. Me revêtant de mes habits que j'avais délaissé une heure auparavant, je sotis alors des vestiaires. Je vis alors JJ, un cocktail à la main, au comptoir. Un sourire au lèvres, je décidais de le rejoindre, commençant alors à parler. Or, c'est lui qui débuta la conversation d'un ton assez particulier, comme mauvais. Tu t'es bien amusé ? Je ne savais pas comment le prendre. C'est ce qui me déroutait chez lui. Etait-il sérieux, s'inquiétait-il pour moi ou sa voix était-elle teintée d'ironie ? Me tournant envers le barman, je commandai alors un whiskey. Un peu gêné par la question, je répondis alors. C'est exténuant, et parfois, j'y crois pas. Tu sais, que j'ai réussi à faire ça. Le barman revint alors avec le verre que j'avais commandé. Et pour le show, il me l'offrait. Le remerciant d'un coup de tête, je pris alors la boisson afin d'y tremper mes lèvres. Et toi, tu as apprécié le spectacle ? dis-je d'un ton assez coquin, mes sourcils se arquant. Une heure du matin passée, je me dis qu'il était temps de rentrer chez toi. Pourquoi pas inviter JJ chez moi ? On va chez moi ? Çà va bientôt fermer.

J'avais sérieusement l'impression qu'il aimait ça. Voir tous ces gens baver devant son corps parfait. Il pouvait pas comprendre que ça me faisait du mal à moi ? Il pouvait pas ouvrir les yeux 5 minutes ? Au lieu de ça, non, il me détruisait de l'intérieur, et prenait son pied en plus de ça. Moi je passais mes soirées à ingérer ce qu'on me donne, toutes les drogues possibles et imaginables, pour oublier. Pour l'oublier lui, et ce qu'il aimait me faire subir. J'ai même plusieurs fois eu recourt à des drogues dures, qui m'ont flingué. Mais il en avait clairement rien à foutre, il ne l'avait même pas remarqué, même pas entendu parlé. J'étais rien pour lui. Rien qu'un pote. Et je voulais que ça cesse, je voulais qu'il comprenne ce qu'il me faisait subir, probablement sans savoir. Il vint alors vers moi, tout juste rhabillé après son spectacle, tandis que moi je prenais un cocktail au comptoir. Avec une ironie à peine masquée, je lui demandait s'il avait prit son pied ce soir-là. C'est exténuant, et parfois, j'y crois pas. Tu sais, que j'ai réussi à faire ça. J'haussai les sourcils toujours sans le regarder, buvant une nouvelle gorgée. Oui c'est vrai, quel exploit ! Et toi, tu as apprécié le spectacle ? Je manquais de m'étouffer à cette question. Il était sérieux là ? Il pensais que j'étais venu le mater et profiter du spectacle ? Mais en même temps, cette question me mis mal à l'aise, parce que je savais qu'au fond, j'adorais le voir comme ça, à moitié à poil, son corps s'offrant à mes yeux avides. Si seulement il n'était qu'à moi. Oui, les gorilles du premier rang m'ont bien fait rire. Comment éluder une question en dix leçons. On va chez moi ? Çà va bientôt fermer. Cette question me prit de court. D'habitude, on se contentait de parler autour d'un verre là, au comptoir, mais jamais il ne m'avait proposé de venir chez lui. J'étais jamais venu je pense. Enfin  non, j'en étais certain, je m'en souviendrais sinon. Mais au fond de moi, c'était la panique : comment réagir ? Et si je dérapais ? Pourquoi me proposait-il ça ? Tant de choses qui me traversaient l'esprit en cet instant. Mais une chose était sûre, je risquais pas de refuser une telle offre. Oh non, au contraire, je sautais plutôt sur l'occasion ! Euh... Ok. Tu veux qu'on y aille maintenant ou tu préfères attendre un peu ? Cette perspective m'excitait autant qu'elle m'inquiétait. Comme un gosse le jour de la rentrée. Tu sais jamais à quoi t'attendre. Et ça peut être super comme le pire jour de ta vie. De toute façon, j'avais terminé mon verre, et réglé ma consommation.