L'heure du couvre-feu approche :
» Tu te presses un peu pour rentrer.
» Tu t'en fiches, personne ne le respecte.
» Tu ne peux malheureusement pas rentrer : c'est justement maintenant que tu te lèves !

Tu te sens suivi(e) :
» Tu accélères le pas et empruntes des raccourcis.
» Tu t'arrêtes et vérifies si ce n'est pas ton imagination qui joue des tours.
» C'est toi, qui suis des gens et non l'inverse.

Un gros titre parle d'un meurtre dans le quotidien local :
» Tu ne veux pas savoir, tu n'as rien à voir avec tout ça.
» De toute façon, c'était lui ou toi ...
» Tu t'empresses de faire l'historique des comptes que tu dois pour ne pas finir pareil.

Bristol c'est :
» Un enfer, tu n'attends qu'une chose c'est de pouvoir enfin partir.
» Une ville corrompue; tout ce que tu veux, c'est retrouver la ville accueillante que tu connaissais.
» Ton terrain de jeu, sans aucun doute.

Choisis une suite de mots :
» Imprévu, adrénaline, action.
» Calme, obéissance, patience.
» Danger, débauche, solitude.

À PROPOS DU JOUEUR:

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[b]barbara palvin [/b] - faye caldwell.

On se demande parfois ce qu’aurait été notre vie si on était né ailleurs, dans une autre famille, à une autre époque. On se demande si on aurait été plus heureux, plus aimé, plus riche, plus beau, quel genre de personnes on aurait côtoyé. On se surprend à rêver d’une existence à laquelle on n’aura jamais droit, une existence illusoire qu’on pense vivre la nuit dans nos songes les plus secrets. On ferme les yeux, on se coupe du monde dans lequel on évolue pour devenir souverain d’un univers fantastique dans lequel on contrôle tout, dans lequel on a tout ce que l’on veut. Alors le matin on ouvre de nouveau les yeux et on subit notre existence avec tous les défauts qu’elle comporte, on se demande pourquoi nous et pas un autre. Pourquoi on vit ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on rit ? Pourquoi on pleure ? Pourquoi, pourquoi, tant de questions auxquelles on ne répond jamais. Toute sa vie on part en quête d’un grand Peut-être, toute sa vie on se demande si on a fait les bons choix, si malgré le fait qu’on n’ait pu choisir l’endroit où l’on naît et l’on grandit, on peut quand même choisir où l'on va. L'humanité souffre et je souffre avec elle.

« Je t'ai cherchée partout, même ailleurs. Je t'ai trouvée, où que tu sois, je m'endors dans tes regards. Ta chair était ma chair. De nos moitiés, nous avions inventé des promesses ; ensemble nous étions nos demains. Je sais désormais que les rêves les plus fous s'écrivent à l'encre du coeur. J'ai vécu là où les souvenirs se forment à deux, à l'abri des regards, dans le secret d'une seule confidence où tu règnes encore... Même sans toi, je ne serai plus jamais seul, puisque tu existes quelque part. C’est beau ça, non ? » Ta seule réponse, c’est non. Tu t’en fous de ces déclarations d’amour à deux balles, tu crois pas à l’amour. Je grimace et je m’allonge sur le dos en continuant à lire pendant que tu dégommes quelques zombies, sur l’ordinateur. T’es ma meilleure amie, mais quelques fois on n’a pas les mêmes envies. Je crois que c’est pour cette raison qu’on s’aime tellement. Toi et moi on se connait depuis toujours, t’es le centre de ma vie. Tu m’as sauvée de cette fille qui me jetait des cailloux dessus, à la maternelle : depuis, t’es mon héroïne. Toute ma vie tourne autour de toi, on avait même dit qu’on se marierait. « Bon, tu lâches ton livre ? » tu demandes d’un coup, comme si ça faisait des heures que tu m’attendais. Je te le jette dessus et tu fronces les sourcils, avant de te jeter sur moi. « T’es malade ma pauvre, faut te faire soigner ! » Plaquée sur mon lit, tu me tiens fermement les bras, assise à califourchon sur moi. Aussi loin que je me souvienne, notre relation a toujours été extrêmement ambiguë. Tu me regardes depuis toujours me faire tripotter devant toi sans rien dire, mais je sais que ça t’énerve. Et moi, j’aime pas voir ces filles te caresser les seins sous tes tee-shirt trop grands, le soir, dans l’appart’ qu’on squatte. Mais on la ferme et on accepte, on souffre et on se déteste, parce qu’on est amies. Depuis quand est-ce qu’on respecte les règles, d’ailleurs ? Si seulement tu te baissais, juste un peu, pour poser tes lèvres sur les miennes …

Du cuir, des talons, des bas résilles : le soleil s’est couché. A l’heure où chacun rentre chez soi pour le couvre-feu, pour moi la journée commence vraiment. Mes talons claquent sur le goudron tandis que je traverse la ville, cigarette à la main. J’ai beau téléphoner à mes amis pour qu’ils viennent me chercher, ils me disent d’aller me faire voir et je leur cris des insultes à tue-tête. J’évite les flics, rase les murs, achète une bouteille que je bois au goulot. On squatte l’appart de l’un de mes amis, on taggue les murs et on refait le monde. On ne sait même plus comment on s’est rencontré, c’était y a longtemps. Et toi t’es toujours là, à mes côtés, à me suivre partout. « T’es vraiment une catin, Faye. » tu dis, tandis que ta main glisse sur ma cuisse nue et passe lentement sous ma jupe en cuir. Je ris et la repousse, avant de rétorquer : « Et toi, t’es vraiment pire qu’un mec. » Nous buvons, nous fumons, je perds toute notion de la réalité. Le monde tourne autour de moi, le temps ne m’attend plus. Je danse, je ris, je me fais pelotter et je fonds en larmes, je me retrouve dans les bras de n’importe qui à vomir mon dégout pour cette vie et pour celle que je suis devenue. Je n’ai pas toujours été comme ça, je m’écœure. Avant, j’étais une jeune fille modèle, déclarée surdouée à l’école primaire, qu’on dit grosse et moche et qui traîne dans le fond de la classe. C’était sans compter sur toi, toi ma meilleure amie, toi le centre de ma vie, qui t’es battue des milliers de fois pour me défendre, qui aurait fait n’importe quoi pour moi. Je te le répète encore et encore en pleurant, tandis que tu m’essuies la bouche et me force à boire de l’eau. « Ensemble quoi qu’il arrive, non ? » Je pleure encore et acquiesce. On se détruira ensemble. L’alcool retombe, on sort en groupe, on se promène en riant : le monde est à nous, nous sommes immortels. Le danger, on ne connait pas. On ne se rend pas compte. On est heureux, on est en vie, on ne veut pas ouvrir les yeux et voir que tout ça, ce n’est qu’une illusion de ce qu’on mérite réellement.

Repas en famille, d’une longueur et d’un ennui peu communs. Le bruit des fourchettes en argent sur les assiettes en serait presque dérangeant. Je tue le temps en faisant du pied au meilleur ami de mon frère venu manger avec nous, plus âgé et flic de métier. Il est vraiment, vraiment beau. Ça a été mon premier amour, et je n’abandonne toujours pas l’idée de réussir un jour à le faire craquer. Je crois que je serais même capable d’arrêter de boire et de fumer, pour lui. Enfin ça, on verra au moment venu. Comme d’habitude il se laisse faire en souriant en coin et me le rends bien. Mais ça ne va jamais plus loin. Peut-être est-il gay ? Ma grand-mère, venue exprès pour mon vingtième anniversaire, pose les questions que tout le monde redoute. « Et alors, qu’est-ce que tu fais dans la vie, maintenant ? » « Elle travaille dans …. » commence ma mère. Mais je la coupe bien vite : « Je suis coiffeuse, mémé. » Elle écarquille les yeux. « Coiffeuse ? Mais, tu aurais du faire des études de droit. Ou de médecine ! Coiffeuse … Tu as quelqu’un dans ta vie ? » Je manque de m’étouffer avec le petit pois que j’essaye d’avaler. « J’ai bien couché avec quelques garçons, mais … » Cette fois, c’est elle qui manque de s’étouffer. Mon frère et son meilleur ami s’évertuent à ne pas rire, main plaquée devant la bouche. Je me donne alors pour objectif de les faire rire, quoi qu’en coûte mes actes. « Pas de sexe avant le mariage, dans la famille Caldwell ! » J’esquisse une moue embarrassée et répond : « Et avec les filles, ça compte ? » Mon frère explose de rire et je me fais virer de la table, et aussi de la maison. Pour quelques temps, quoi. Il faut dire que je n’y suis pas allée de main morte. Je sais que je suis la déception de la famille Caldwell, mais je n’y peux rien : je suis heureuse ainsi. Et pas autrement. Je ne laisserai personne me guider ma conduite et ce n’est pas mon frère qui me prête son canapé qui dira le contraire. « Fais quand même attention à toi petite sœur, je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque chose. » Je lui dis que le seul moyen pour moi d’arrêter les conneries, ce serait que son meilleur pote s’intéresse à moi, et il m’ébouriffe les cheveux. Il comprend, mais il dit que ce serait bizarre. Et je le serre dans mes bras.

Monde de luxure, tu me dégoutes. Monde superficiel, je te hais. Argent, bijoux, fausses amitiés, mensonges, trahisons, infidélité. C’est ça, qui rend heureux ? C’est ça, que vous voulez pour moi ? Non, moi je veux autre chose. Je veux être la reine de mon monde, monde dans lequel j’impose mes propres règles. Y a du noir partout, du noir, du sang, de la violence. Vivre c’est mourir, je me tue à petit feu. Mais c’est bon, si vous saviez ! J’oublie que je suis malheureuse, que vous voulez pour moi une existence totalement fausse. Mon illusion vaut la vôtre, non ? Papa, maman, je ne vous aime plus.