Je grognais bruyamment, avant de pousser un cri d'énervement, puis je frappais de plein fouet mon réveil qui se tut après ce geste quelque peu violent.
«P'taaaaaaain j'ai pas envie d'aller bosser...» Avouons quand même que servir et préparer des cafés toute la journée est assez... naze quoi. Et c'est avec une grande motivation que je me levais de mon lit direction ma salle de bain pour faire ma toilette, en prenant sur le chemin un débardeur gris ainsi qu'un pantalon noir à chaînettes accompagné de Nike bleue marine, tout ce qu'il y'a de plus simple. On a pas vraiment d'uniforme au Starbucks, juste un tablier hideux et sali par le café. Rien que ça.
[...]
En fait, mes heures de travail commençait à quinze heure. Mais c'est vrai que j'avais passé une soirée quelque peu arrosée, c'est pour ça que je me suis réveillé à quatorze heure, le temps de déjeuner et de m'habiller. En même temps, vu tout ce qu'il s'était passé ces derniers temps, l'histoire de Léonie et Maya, franchement, je n'allais pas m'endormir à neuf heure du soir, emmitouflé dans ma couverture, complétement serein. J'avais besoin de décompresser avec mes amis, et me lâcher un peu, histoire d'oublier le temps d'une nuit bénie du ciel.
«Jay'! Tu peux t'occuper de la cliente à la table six s'il te plaît? Elle a commandé un frappucino caramel!» Je soupirais, regardant ma collègue, une jeune femme blonde plutôt bien fagotée, voyons la vérité en face. Je n'aimais pas qu'on m'appelle par mon premier prénom. Je n'accordais ce droit qu'aux personnes les plus proches de mon entourage. Mais étant en train de travailler, je n'avais pas envie de me faire virer juste parce que je me suis mis à péter un câble sur des broutilles pareilles. Je ne m'attardais pas trop sur ça, préparant la commande de la table six.
«Dis juste que t'as la flemme de lui faire un café, ça sera beaucoup plus crédible Sasha!» Elle me sourit, un petit rire s'échappant de ses lèvres, puis se retourna vers ses clients. Après quelques secondes, le café d'une jeune femme brune d'après ce que je pouvais voir d'elle avec la foule qu'il y'avait était prêt, et je pouvais enfin le lui apporter.
«Voilà votre commande mademoiselle, un frapuccino caramel...» Je ne réalisais que trop tard que la brunette située juste sous mes yeux, me tendant désormais un billet de dix livres était Léonie.
«Oh non pas lui!» J'écarquillais les yeux avant de les baisser vers le verre que je tendais à mon ancienne amie. Je vis alors qu'encore une fois, les employés du café ont fait une faute au prénom de la jeune fille. En guise de réponse à ce qui semblait être une sorte d'insulte, si je puis dire ça comme cela, je ne pus que dire ça avec un léger ton ironique.
«Désolé, ils ont encore fait une faute à ton prénom.» Je ne savais vraiment pas pourquoi je disais ça. Parce que franchement, dire à quelqu'un avec qui on a une relation si compliquée cette phrase si... banale, c'était vraiment bizarre. En même temps j'allais pas dire "Comment va ta soeur?" ou "Tu vas mieux depuis la dernière fois où je t'ai planté un couteau dans le dos?" Je ne m'attardais pas plus sur Léonie, de peur d'aggraver les choses, puis j'entendis la voix de Sasha, la blonde qui a mal orthographié le nom de mon ex résonner dans la pièce bondée.
«Jay! Merci tu peux rentrer chez toi maintenant, t'as bien bossé!» Je haussais un sourcil bien haut. Elle est conne ou quoi, pourquoi elle le dit devant tout ces clients? Enfin je sais pas, on ne parle pas boulot devant des gens qui attendent leur commande. Bref, j'acquiesais d'un signe de tête furtif avec un sourire dénué de toute sincérité, avant de prendre mon courage à deux mains et encore une fois tenter d'adresser la parole à Léonie.
«Heum... S'il te plaît. Attends moi je reviens. On doit parler.» Je me doutais au fond qu'elle allait se barrer en courant, évitant tout contact avec l'ordure que je suis. Mais après tout... Pourquoi pas tenter? J'avais besoin de lui confier tout ce que j'avais sur le coeur, au risque de me faire prendre une banane en pleine gueule. Au moins, j'en aurais moins sur la conscience. Je retournai rapidement dans les vestiaires, remettant mon foutu tablier dans un casier, puis je sortis en vitesse pour rejoindre Léonie. Après tout elle était obligée de m'attendre, du moins de rester. Elle avait un frapuccino à la main. Enfin, je crois du moins.
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